En cas de fortes chaleurs et d’épisodes caniculaires, les personnes âgées et vulnérables peuvent s’inscrire sur un fichier leur permettant d’être contactées et prises en charge.

Suite aux températures très élevées de ces derniers jours, un plan canicule de niveau 3 a été lancé dans toute l’Ile de France. Il est accompagné de recommandations pour l’ensemble de la population. Parmi les mesures prises par la Mairie de Paris figure le plan Chalex (Chaleur extrême), qui concerne les personnes âgées, souvent plus isolées et vulnérables en cas de fortes chaleurs.

Le fichier Chalex

Dans le cadre du plan Canicule national, la ville de Paris a mis au point depuis 2004 une action de recensement des personnes vulnérables avec le fichier Chalex. Les personnes âgées de plus de 75 ans, isolées, en situation de handicap et/ou souffrant de problèmes de santé peuvent bénéficier gratuitement de ce service. Pour cela, la personne âgée (ou son représentant légal ou une personne de son entourage) doit appeler le 39 75 ou envoyer un bulletin d’inscription, téléchargeable sur Internet et disponible dans les centres d’action sociale et mairies d’arrondissement de la ville de Paris.

Une fois inscrites sur ce fichier, les personnes âgées sont contactées par un téléopérateur s’informant sur leur état de santé (4 appels sur 48h). Si une personne âgée se trouve en situation problématique, le téléopérateur peut transférer le dossier à une cellule de veille sanitaire (aux Transmetteurs et à la réserve solidaire de Paris) basée au SAMU de Paris. Ces derniers rappellent alors les personnes signalées pour les conseiller. Ils peuvent aussi contacter un médecin traitant, un proche ou dans les situations extrêmes déclencher une intervention du SAMU.

D’après Dominique Versini, adjointe chargée des questions relatives à la solidarité, aux familles et aux personnes âgées, 8400 personnes figurent tout au long de l’été sur le fichier Chalex. Ce service ne dispense pas pour autant de suivre les recommandations de base en cas de fortes chaleurs, à savoir boire suffisamment d’eau (1.5 L par jour), manger en quantité suffisante, maintenir sa maison au frais, se rendre dans des endroits climatisés, éviter les efforts physiques et donner régulièrement des nouvelles à ses proches.

 

Source : http://sante.lefigaro.fr/article/fichier-chalex-recenser-les-personnes-vulnerables-en-cas-de-fortes-chaleurs


À l’instar des établissements sanitaires, les Ehpad doivent assurer une sécurité optimale de la prise en charge médicamenteuse de leurs résidents. Mode d’emploi.

1 Qui est concerné ?

Le circuit du médicament fait partie intégrante du projet d’établissement. Ce processus de soins a gagné de l’importance du fait de la médicalisation des structures. La prise en charge des personnes âgées présentant un taux de dépendance plus élevé et souffrant de pathologies multiples augmente le nombre des médicaments consommés, en moyenne de quatre à cinq au total pour les plus de 75 ans.

Concrètement, le circuit du médicament englobe plusieurs phases : la prescription, la dispensation, la délivrance et la livraison, l’administration et la gestion des stocks. Chacune de ces étapes peut être source d’erreurs potentielles susceptibles de menacer la sécurité et la santé des résidents.

En outre, l’organisation du circuit du médicament fait intervenir un grand nombre d’acteurs, salariés de la structure ou libéraux, aux cultures professionnelles différentes : médecins, pharmaciens, infirmiers, aides-soignants, voire, dans certaines conditions pour ce qui est de l’aide à la prise des médicaments, tout autre personnel chargé de l’aide aux actes de la vie courante. Le médecin coordonnateur observe et intervient tout au long du circuit du médicament. Il lui revient notamment de le fédérer autour d’objectifs communs : la traçabilité des actes et la lutte contre l’iatrogénie (des troubles imprévisibles ou non prévus pouvant survenir à la suite de l’administration d’un médicament) en veillant notamment à la bonne adaptation des prescriptions de médicaments aux impératifs gériatriques.

2 Quels sont les enjeux ?

Le circuit du médicament est au cœur d’enjeux financiers et de sécurité dans les établissements. Il participe de façon prépondérante à la qualité des soins apportés aux résidents et vise aussi à lutter contre la iatrogénie médicamenteuse. Cette dernière est responsable de plus de 10 % des hospitalisations chez les sujets âgés et de près de 20 % chez les octogénaires.

Autre raison pour les directeurs d’établissements de se pencher avec intérêt sur cette question : le circuit du médicament est l’un des points audités lors du renouvellement des conventions tripartites pluriannuelles.  Enfin, cette question sera d’autant plus prioritaire pour les Ehpad si la réforme relative aux dépenses de médicaments et à leur prise en charge financière dans les forfaits soins des établissements ne disposant pas d’une PUI se concrétise.

3 Quel mode d’approvisionnement ?

La majorité des Ehpad s’approvisionnent dans des officines sur la base des prescriptions des médecins libéraux intervenant auprès des résidents. Les établissements doivent conclure avec ces pharmacies une convention afin de garantir la qualité et la sécurité de la dispensation pharmaceutique ainsi que le bon usage des médicaments. L’arrêté relatif à la convention entre un Ehpad et un ou plusieurs pharmaciens d’officine est toujours en attente.

Les établissements ont la possibilité de s’approvisionner auprès d’une Pharmacie à usage intérieur (PUI). Cette dernière peut être gérée soit en propre par l’établissement (ce qui est souvent le cas d’établissements à statut public de grande taille) ou par l’établissement de santé auquel il est rattaché. Elle peut également être partagée avec d’autres Ehpad dans le cadre d’un Groupement de coopération sanitaire (GCS). En outre, depuis le 1er janvier 2011, les PUI peuvent être gérées dans le cadre de Groupements de coopération sociaux et médico-sociaux (GCSMS).

4 Qui prépare les doses à administrer ?

Dans 60 à 70 % des cas, la Préparation des doses à administrer (PDA) est effectuée par le personnel infirmier de l’établissement. Une mission chronophage dans un contexte de pénurie budgétaire et de sous-effectif du personnel infirmier. De fait, 20 à 25 % des structures ont fait le choix de confier à une pharmacie la préparation des médicaments. Le décret relatif à la préparation des doses à administrer et l’arrêté relatif aux bonnes pratiques des doses à administrer (conditions de réalisation, de stockage, de livraison et de transport des piluliers…) sont toujours en attente de publication. Enfin, dans 10 à 15 % des Ehpad, ceux qui possèdent une PUI, la préparation des doses à administrer est assurée par le pharmacien de l’établissement

5 Qui peut administrer les traitements ?

Selon la Haute autorité de santé (HAS), le fil conducteur de la sécurisation de l’administration médicamenteuse repose sur la règle des 5 B : « administrer au Bon patient, le Bon médicament, à la Bonne dose, sur la Bonne voie, au Bon moment ». Dans les Ehpad, l’administration des médicaments fait partie des actes que l’infirmier diplômé d’État peut prendre en charge. Cette mission peut être remplie sous sa responsabilité « avec la collaboration d’aides-soignants, d’auxiliaires de puériculture ou d’aides médico-psychologiques qu’il encadre dans les limites de la qualification reconnue à ces derniers du fait de leur formation ». La loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) a précisé les conditions dans lesquelles les personnels des Ehpad pouvaient assister les résidents qui ne disposent pas d’une autonomie suffisante pour prendre seuls leur traitement prescrit par un médecin. L’aide à la prise des médicaments peut, à ce titre, être assurée par toute personne chargée de l’aide aux actes de la vie courante dès lors que, compte tenu de la nature du médicament, le mode de prise ne présente ni difficulté d’administration ni apprentissage particulier.

 

Source : http://ehpad-magazine.com/gestion-des-medicaments/


Des millions de nouvelles personnes âgées dépendantes devront être accompagnées à domicile dans les prochaines années. La valorisation du métier d’auxiliaire de vie est clé pour répondre à ce besoin.

Nous le savons tous : la population française vieillit. Les plus de 75 ans seront neuf millions dans 15 ans alors qu’ils sont six millions aujourd’hui. Nous savons aussi tous que le nombre de personnes âgées dépendantes va augmenter proportionnellement, et que leur maintien à domicile sera dans la majorité des cas la solution préférée (90% selon OpinionWay – 2012) et la moins onéreuse. Logiquement, le métier d’auxiliaire de vie et d’aide à domicile auprès des personnes âgées est celui qui va créer le plus d’emplois dans les prochaines années (160 000 créations de 2012 à 2022 selon le Rapport “Les métiers en 2022” de France Stratégie et de la DARES).

Dire que nous ne sommes pas prêts à absorber ce “choc” relève de l’euphémisme. Il suffit d’écouter les gens autour de soi pour constater qu’ils se plaignent souvent de ne pas trouver les  bonnes personnes pour s’occuper de leurs proches âgés. Les associations ou entreprises qui pourraient les y aider ne sont d’ailleurs pas spécialement à la fête. Nombre d’associations qui interviennent en milieu rural sont exsangues financièrement. Ca n’est pas non plus faire injure aux réseaux d’agences à but lucratif créés dans le sillage de la loi Borloo de 2005, que de dire qu’ils n’apportent pas encore, en termes de volume, une réponse à la hauteur des enjeux du marché qui pèse tout de même 12 milliards d’euros.

Lorsque l’on s’intéresse au quotidien des auxiliaires de vie, on comprend en réalité pourquoi nous en sommes là. Près de la moitié d’entre eux sont employés à temps partiel. Leurs rémunérations dépassent rarement le SMIC. Ils doivent généralement se déplacer plusieurs heures par jour pour aller d’un bénéficiaire à l’autre. Le manque d’autonomie dans la gestion de leur planning et le manque d’interaction avec leurs collègues leur pèsent (selon l’étude menée par Alenvi et BimBamJob). Plus grave, ils ne se sentent pas considérés. Leur métier n’est ni connu, ni reconnu. Il se situe pour beaucoup dans une zone grise entre l’infirmière et la femme de ménage, quand il n’est pas totalement assimilé à l’entretien du domicile. L’image négative de la vieillesse véhiculée par nos sociétés modernes rejaillit aussi sur le métier. Elle est parfois ressentie très durement par les auxiliaires dans le regard de leurs proches.
Face à ce constat, deux attitudes sont possibles. On peut se résigner et se dire que la plupart des gens s’occupent des personnes âgées parce qu’ils ne peuvent pas faire autre chose, que le métier restera sous-qualifié, précaire et peu considéré. On peut au contraire se dire qu’il est possible de répondre au défi des personnes âgées dépendantes en valorisant le métier d’auxiliaire de vie, un métier de passion et d’engagement.

Concrètement cela peut se traduire par une série d’objectifs :
mieux payer et développer le temps plein, d’abord. Pour attirer et motiver des personnes qualifiées et passionnées, il faut décoller les salaires du SMIC et tendre vers le temps plein pour la majorité des employés. Bien sur, c’est un défi économique. En considérant le temps de travail et le salaire comme des contraintes de départ, plutôt que comme des variables d’ajustement, on se force cependant à innover sur les autres dimensions de l’activité (organisation, relation client..) pour dégager des marges de manoeuvres financières.

Faire connaître le métier et améliorer le référencement des formations sont aussi des enjeux de taille. On parle tout de même de l’accompagnement de millions de personnes âgées et du métier qui va créer le plus d’emploi dans les prochaines années ! Les acteurs du secteur et les pouvoirs publics pourraient s’allier pour lancer des campagnes de publicité (TV, presse, radio..) qui expliquent ce métier de passion et racontent de belles histoires qui l’illustrent. Cela se fait pour les enjeux de santé publique et les grandes causes nationales, deux dénominations qui pourraient tout à fait concerner notre sujet. La diversité des formations  qui conduisent au métier d’auxiliaire de vie est une richesse mais elle brouille aussi parfois la compréhension du métier pour les bénéficiaires. Les différentes formations (certifications de niveau 5 du secteur sanitaire et social) pourraient délivrer le DEAVS, ce qui permettrait d’indiquer clairement aux bénéficiaires que 100% des auxiliaires sont titulaires de ce diplôme. Les formations ou validation d’acquis pour certaines pathologies (Alzheimer..) pourraient être présentées comme des spécialisations du DEAVS. Cela permettrait de mieux valoriser les compétences spécifiques des auxiliaires et de leur offrir des perspectives pour se former en continu.

Enfin, il faut créer un cadre de travail responsabilisant et épanouissant. A partir du moment où l’on fait le pari d’attirer des personnes qualifiées en les payant mieux et en offrant un maximum de temps plein, on peut attendre des auxiliaires qu’ils jouent un rôle actif dans la gestion de leur planning, la relation avec les bénéficiaires et le développement de l’organisation à laquelle ils appartiennent. Aux Pays-Bas, l’organisation Buurtzorg a révolutionné les soins infirmiers à domicile en organisant le travail de 8000 infirmiers via 700 équipes de quartier presque totalement auto-organisées. Une organisation basée sur la confiance, l’autonomie et la collaboration augmente le bien-être des salariés tout en réduisant les coûts d’encadrement. Les structures doivent également renforcer leur rôle d’écoute. L’accompagnement des personnes âgées est intrinsèquement difficile. Interagir au quotidien avec des personnes en état de faiblesse psychologique, se confronter à des maladies neuro dégénératives, vivre le départ de personnes avec lesquelles un lien émotionnel a été créé, sont autant d’expériences douloureuses qu’il est nécessaire de pouvoir partager avec ses collègues lors de réunions régulières. Le digital, parce qu’il permet de connecter des collègues qui ne se croisent pas souvent physiquement, a aussi un rôle fort à jouer dans ce domaine.

Tous ces objectifs peuvent paraître utopiques.  Les réponses aux enjeux vont pourtant sans doute être apportées par les organisations qui vont parier sur l’humain et démontrer que le coût de la valorisation du métier est en réalité inférieur au coût de sa sous-valorisation. On peut s’efforcer de garder un coût à l’heure très bas, une flexibilité forte grâce à une majorité de temps partiel, des coûts de formation bas, tout en en payant les conséquences au prix fort : faible motivation, absentéisme, faible rétention des employés et des bénéficiaires, coûts d’encadrement élevés… On peut également investir sur l’humain  en proposant un salaire plus élevé, une autonomie forte, des formations, de l’écoute et du soutien, et en récolter les fruits : employés motivés et fidèles, bénéficiaires accompagnés sur la durée, coûts d’encadrement plus faibles…La deuxième option doit encore être testée à grande échelle, mais le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ?

 Source : http://www.journaldunet.com/economie/expert/65306/la-valorisation-des-auxiliaires-de-vie—une-reponse-aux-enjeux-du-vieillissement.shtml

Une quarantaine d’hôpitaux français vont bientôt pouvoir proposer à leur patients une prestation d’hébergement sans hospitalisation. Ces « hôtels hospitaliers » devraient considérablement réduire les frais engagés par l’État. Ce nouveau système fera l’objet d’une expérimentation pendant trois ans, afin de vérifier s’il est efficace et sans risque, notamment sur le plan de l’hygiène. Certains craignent en effet des dérives.

Le virage ambulatoire de la santé en France se confirme. Une quarantaine d’établissements de santé vont prochainement proposer à leurs patients un hébergement non médicalisé, sous forme d’« hôtels hospitaliers ». « Ces services permettront d’éviter d’hospitaliser des patients qui n’ont pas besoin de soins médicaux particuliers », précise Pourquoi Docteur.

Les patients qui n’ont pas besoin d’une hospitalisation se verront ainsi proposer un hébergement avant ou après leurs soins dans des locaux distincts. L’hébergement pourra également être réalisé « par un hôtelier ou une association partenaire ».

Une quarantaine d’établissements concernés

Un arrêté paru le 6 juillet fixe la liste des établissements de santé qui y sont autorisés. Parmi eux, le centre hospitalier d’Annecy Genevois, l’Institut Paoli Calmettes à Marseille ou encore des centres de lutte anti-cancer comme le Centre Léon Bérard de Lyon et l’hôpital Necker de Paris.

Ces établissements pourront désormais accueillir les patients dans leurs propres locaux, qui seront toutefois distincts de ceux dédiés aux hospitalisations.

 

Pour l’État, d’importantes économies à la clé

Le concept, proposé par Olivier Véran, rapporteur du budget de la Sécurité sociale 2015, pourrait engendrer d’énormes économies pour l’État. La mesure devrait pouvoir réduire les frais de 50 à 1 250 euros par jour.

Le projet a été recommandé par la Haute Autorité de Santé (HAS).

Certains craignent déjà des dérives

La mesure fait toutefois grincer des dents l’Association française de chirurgie ambulatoire (AFCA). Dans un éditorial, sa présidente Corinne Vons, craignait déjà en 2014 que ces services ne deviennent de nouveaux « sites de transmissions d’infections nosocomiales », rapporte Pourquoi Docteur.

Elle déplore également le risque que « les bénéfices du retour à domicile pour les personnes âgées ne soient perdus », et que ces structures deviennent des hôpitaux « au rabais ».

La période d’expérimentation de trois ans devra déterminer si ces nouveaux « hôtels hospitaliers » sont efficaces et sans risque.

 

Source : http://www.ouest-france.fr/sante/hopital-le-concept-des-hotels-hospitaliers-debarque-en-france-5148267


Face aux enjeux du vieillissement démographique, l’économie sociale et solidaire a de nombreux atouts : place des mutuelles dans la protection sociale, place du secteur associatif dans l’hébergement et les soins à domicile, innovateurs sociaux dans la santé… Mais, confrontée aux assauts du secteur privé et à la transition numérique, elle ne doit pas se contenter d’affirmer sa différence mais apporter des preuves de sa plus-value. De nouveaux outils de mesure sont nécessaires.

« La France maltraite ses personnes âgées », estime le sociologue Bernard Ennuyer, en appuyant sur le fait qu’il n’y a pas de réelle politique publique du vieillissement (« la loi sur l’adaptation de la société au vieillissement ne définit pas qui sont les vieux ! ») et que la société oublie leur rôle économique dans la cohésion sociale (aide financière aux enfants, garde des petits-enfants, aide au maintien à domicile des parents).

La transformation majeure, c’est celle des cycles de vie

Pour autant, l’ESS a-t-elle une attitude différente vis-à-vis des seniors et de toutes les problématiques qui s’imposent à eux ? C’est ce qu’ont cherché à savoir les participants à la rencontre de l’Université populaire et citoyenne, organisée cette semaine dans le cadre de la Chaire ESS du Cnam sur le thème : « Économie sociale et solidaire et vieillissement, enjeux et perspectives ».

Un intitulé qui reprend peu ou prou celui du rapport publié en 2016 par la Fonda et Futuribles. Présent au Cnam, Yannick Blanc, président de la Fonda, a évoqué les apports qui pourraient être ceux de l’ESS : « face aux approches marchandes de la Silver Economy, nous nous sommes demandés si l’ESS ne pouvait pas porter des alternatives. L’ESS met en avant ses spécificités (non-lucrativité, gouvernance, participation des usagers) non seulement dans les institutions qui s’occupent des soins et de la santé, mais aussi dans les activités qui concernent les jeunes seniors. En termes de prospective, nous pensons qu’il n’est plus possible de parler de catégories d’âge, mais de parcours des individus, car la transformation majeure du vieillissement démographique, c’est celle des cycles de vie ».

Plus de 300 initiatives de l’ESS liées à la thématique de « l’or gris »

Pour y répondre, les acteurs de l’ESS fournissent des réponses nombreuses et locales. Le rapport de la Fonda et de Futuribles a ainsi repéré plus de 300 initiatives de l’ESS liées à la thématique de « l’or gris », comme les Villages Répit Familles pour les aidants, la Scic Innovillâge dans la Creuse, les Intergénéreux (devenus le programme Mona Lisa avec le service civique), Duo for a Job (mentorat intergénérationnel financé par les Social Impact Bonds), etc.

En-dehors du secteur sanitaire et social, l’ESS est aussi particulièrement positionnée dans le secteur de l’habitat et de l’hébergement. Lors de cette même réunion au Cnam, Aline Di Carlo, assistante sociale et doctorante, a présenté un panorama de l’habitat alternatif pour les personnes âgées : béguinage, cohabitation intergénérationnelle (comme avec le Pari solidaire), domicile partagé, habitat participatif. « La particularité de ces expériences est d’associer pleinement habitants et aidants au projet et à la vie du projet, comme dans les conseils de vie », souligne Aline Di Carlo.

Il y a une vraie différence entre un Ehpad associatif et un Ehpad lucratif

Mais quand il s’agit d’évaluer les plus-values des solutions apportées par l’ESS au vieillissement, les réponses sont plus complexes…

Pour Bernard Ennuyer, il n’y a pas de doute qu’il y a une vraie différence entre un Ehpad associatif et un Ehpad lucratif ; il constate aussi que les soins à domicile portés par des associations ont une vraie dimension sociale.

Selon Yannick Blanc, c’est bien autour de la question de l’évaluation que l’ESS doit faire ses preuves : « les objectifs du privé lucratif ne sont pas ceux du secteur associatif. Et pourtant c’est le secteur privé qui mesure les plus-values dans le secteur sanitaire et social.

Pour parvenir à mettre en avant l’impact de l’ESS, par exemple avec ses apports non monétaires, la Fonda vient de lancer une nouvelle étude avec l’Avise et le Labo de l’ESS afin de construire de nouveaux instruments de mesure ».

C’est vraisemblablement à cette condition que l’ESS pourra consolider sa place dans les structures impliquées dans l’accompagnement du vieillissement démographique.

 

Source : http://www.gazette-sante-social.fr/40318/less-doit-faire-ses-preuves-en-matiere-de-vieillissement


A quoi sert la téléassistance ?

La téléassistance est utile pour sécuriser les personnes âgées qui vivent seules chez elles et rassurer leurs proches.

En cas de malaise ou de chute, la personne équipée d’un système de téléassistance peut signaler son problème à une personne travaillant pour la centrale d’écoute à laquelle le système est relié.

En fonction de l’urgence de la situation, un proche est contacté ou une intervention est déclenchée au domicile de la personne.

Comment fonctionne la téléassistance ?

Un système de micro haut-parleur est installé dans votre logement. Il vous permet de communiquer à distance avec les personnes travaillant pour la centrale d’écoute.

Vous portez en permanence un émetteur-récepteur relié à la centrale d’écoute qui permet de déclencher l’alarme et la mise en relation avec la centrale d’écoute. Il peut s’agir :

  • d’un médaillon autour du cou
  • ou d’une montre au poignet.

Quand vous appuyez sur votre médaillon ou votre montre, la centrale d’écoute est alertée. Une personne de la centrale d’écoute vous appelle immédiatement pour savoir ce qui vous arrive. Grâce au système de micro haut-parleur, vous pouvez communiquer à distance avec cette personne.

En fonction de la situation, seuls vos proches (vos voisins, votre famille…) sont prévenus ou bien l’intervention des secours à votre domicile est sollicitée.

Comment bénéficier de la téléassistance chez vous ?

Si vous souhaitez bénéficier de la téléassistance chez vous, vous pouvez prendre contact avec votre point d’information local ou votre mairie. Ils vous communiqueront les coordonnées des organismes qui proposent ce service près de chez vous.

Pour trouver les coordonnées de votre point d’information local dédié aux personnes âgées, consulter l’annuaire du portail.

Quelles aides ?

Le coût de la téléassistance peut être pris en charge dans le cadre de l’APA à domicile.

Les mairies participent parfois sous certaines conditions aux frais d’installation ou aux frais d’abonnement.

 

Source : http://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/actualites/teleassistance-se-sentir-plus-en-securite-chez-soi


Part des résidents confrontés, fin 2015, à une perte d'autonomie partielle ou totale selon le type d'activité

La direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie une étude sur le profil des résidents en établissements d’hébergement pour personnes âgées (Ehpa). Ce travail s’appuie sur l’exploitation des premiers résultats de l’enquête EHPA 2015. Sa publication intervient alors que monte à nouveau une polémique sur l’insuffisance des effectifs des Ehpa et les risques de maltraitance institutionnelle qu’elle peut faire peser sur les résidents.

La question récurrente des effectifs

L’affaire est partie de la grève d’une partie des personnels d’un Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Foucherans (Jura), qui dure depuis près d’un mois, ce qui est très inhabituel dans le secteur médicosocial. La notoriété de ce conflit a été relayée par un long reportage de Florence Aubenas, publié dans Le Monde daté du 19 juillet.
Le jour même de cette parution, l’AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées) publiait un communiqué indiquant « comprendre la grève dans le Jura ». L’association affirme qu’elle « partage l’inquiétude des professionnels et y ajoute sa préoccupation pour les personnes âgées vivant à domicile et les personnels qui les accompagnent ». L’AD-PA demande l’organisation d’une réunion avec la ministre des Solidarités et de la Santé et « l’ensemble des représentants des retraités – personnes âgées, professionnels et salariés – pour qu’elle explique comment elle entend relever le défi de l’aide à nos ainés ».

728.000 résidents en Ehpa, soit 5% de plus qu’en 2011

Dans ce climat tendu – avec en outre la contestation généralisée de la réforme de la tarification des Ehpad -, l’étude de la Drees s’en tient à une approche statistique, mais qui n’est pas sans liens avec les questions soulevées. Elle montre en effet qu’à la fin de 2015, les Ehpa accueillaient 728.000 résidents, soit 10% des personnes âgées de 75 ans et plus et un tiers de celles de 90 ans ou plus. Lors de la précédente enquête, qui portait sur l’année 2011, ce chiffre était de 693.000 résidents, soit une progression de 5% en quatre ans (voir notre article ci-dessous du 12 décembre 2014).
Sur ces 728.000 résidents, environ 80% sont accueillis en Ehpad et 4% en hébergement temporaire ou accueil de jour, le reste étant constitué essentiellement des résidents en logements-foyers (devenus résidences autonomie) et, pour une toute petite part, des « maisons de retraite » (Ehpa non Ehpad), qui jouent désormais un rôle totalement marginal (7.700 personnes sur le total de 728.000 résidents). La part de l’accueil en Ehpad est aujourd’hui plus importante qu’en 2011. La capacité des établissements est pourtant proche de la saturation, avec un taux d’occupation de 98%, contre 97% en 2011.

L’âge médian a progressé d’un an en quatre ans…

Autre enseignement de l’étude : la poursuite du vieillissement des résidents. L’âgé médian est désormais de 87 ans et 5 mois, contre 86 ans et 5 mois à la fin de 2011, soit une année supplémentaire en seulement quatre ans… L’âge moyen est, pour sa part, de 85 ans et 9 mois, contre 85 ans en 2011 (87 ans pour les femmes et 82 ans et 3 mois pour les hommes). Autre signe frappant du vieillissement : en quatre ans, la part des résidents de 90 ans ou plus est passée de 29% à 35%… Ce vieillissement accéléré s’explique toutefois, pour partie, par une augmentation de l’âge moyen d’entrée en Ehpa (85 ans et 2 mois, soit 9 mois de plus qu’en 2011), conséquence du développement des politiques de maintien à domicile.
Du fait des écarts dans l’espérance de vie, les femmes sont nettement plus nombreuses en Ehpa que les hommes (78% des résidents de 80 ans ou plus). Aussi 91% des résidentes sont-elles sans conjoint, contre 75% des résidents.

Une dépendance accrue, avec 83% de résidents en perte d’autonomie

La conséquence de ce vieillissement est que les résidents de 2015 sont plus dépendants que ceux de 2011. Toutes catégories d’établissements confondues, 83% des résidents sont en perte d’autonomie au sens de la grille AGGIR, autrement dit sont classés dans les GIR 1 à 4. Cette proportion était encore de 81% en 2011. Et plus de la moitié des résidents (54%) sont désormais classés en GIR 1 et 2, autrement dit sont fortement dépendants.
Les Ehpad sont les plus touchés par cette évolution, avec un GMP (GIR moyen pondéré) qui passe de 689 à 710 en quatre ans. La Drees précise toutefois que cette évolution peut s’interpréter de façon positive, « comme l’effet de la baisse du nombre de personnes âgées peu ou pas dépendantes résidant en institution ». Cette dépendance se traduit par le fait que – hors les personnes en résidences autonomie – 93% des résidents ont besoin d’aide pour la toilette, 86% pour s’habiller et 70% pour s’alimenter.
La forte dépendance (GIR 1 et 2) ne concerne d’ ailleurs pas seulement les personnes les plus âgées (57% de forte dépendance chez les personnes de 90 ans ou plus). Elle touche aussi 42% des résidents de moins de 70 ans.
Enfin, l’étude de la Drees montre que plus de 260.000 résidents – soit environ 36% du total – sont atteints d’une maladie neurodégénérative (comme la maladie d’Alzheimer) et que plus d’un quart des résidents bénéficient d’une mesure de protection juridique des majeurs.

Le détail du rapport ici 

 

Source : http://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/cs/ContentServer?pagename=Territoires/Articles/Articles&cid=1250279535051


Pendant l’été, alors que les grandes villes se vident, l’enquête annuelle de la Fondation de France sur les solitudes révèle une situation alarmante : les plus de 75 ans sont de plus en plus seuls.

Ne plus recevoir de coups de fil de sa famille, ne plus avoir de collègues, penser à ses amis au passé et ne même pas pouvoir compter sur ses voisins pour frapper à votre porte en cas de pépin… ou de canicule. La solitude subie, durable, objective, touche 5 millions de Français. C’est ce que révèle la fourmillante et accablante étude annuelle* de la Fondation de France, dont nous publions les résultats en exclusivité.

C’est un million de Français isolés de plus qu’en 2010 et ce serait déjà alarmant si un autre chiffre ne sautait aussitôt aux yeux : parmi eux, la proportion des plus de 75 ans a considérablement augmenté. Ils étaient 16 % en 2010 à se vivre comme totalement seuls, ils sont désormais… 27 %. « C’est une progression effarante, et une bombe à retardement », estime Francis Charhon, le directeur général de l’organisme de mécénat, qui soutient des milliers d’initiatives en direction de ces Français en rupture de liens (voir reportage ci-contre). « On pourrait penser que la cause est démographique : ils sont plus nombreux, donc ils sont mathématiquement plus seuls. Mais c’est plus grave que cela. Il y a un vrai délitement du lien social, notamment en ville. Il y a de plus en plus de personnes âgées qui n’attendent plus que le facteur, qui n’apporte que des factures. »

A la différence des autres segments de la population, cet isolement est sans lien avec leurs revenus : on peut être aussi seul à 85 ans avec une bonne retraite qu’avec le minimum vieillesse. Pour la première fois aussi cette année, il y a autant d’hommes que de femmes chez ces vieux isolés. Alors, bien sûr, la perte de l’être cher met souvent un pied dans le vide : 36 % des plus de 75 ans expliquent leur sentiment de solitude par le décès de leur conjoint…

Même des couples touchés

Mais le veuvage n’est pas forcément le déclencheur de cet isolement puisque même des couples peuvent être touchés, pour peu que chacun se tourne le dos ou que l’un des deux soit très dépendant. Le point commun de ces « fantômes sociaux » âgés ? Ils sont conscients de leur situation, ils la subissent, en deviennent même parfois les artisans sur fond « d’à quoi bon ? » : près du tiers d’entre eux se reconnaissent dans cette phrase : « Les gens autour de moi ne s’intéressent pas vraiment à moi. » Ils n’ont pas eu d’enfants, ou bien ceux-ci habitent loin et les liens sont distendus. Ils ont plus fréquemment que les autres des handicaps qui réduisent leur mobilité. Et surtout… ils n’ont plus de réseau de voisinage.

« C’est l’explication la plus terrible : le dernier réseau social des personnes âgées, c’est les voisins. Et ce réseau-là s’est dangereusement érodé en quatre ans », constate Francis Charhon. L’an dernier encore, 58 % des personnes âgées discutaient au moins une fois par semaine avec la concierge, la boulangère ou la dame du premier. Ce chiffre est tombé à 48 % cette année. Pris à l’envers, il doit interpeller la société tout entière en cette veille de grandes vacances qui vont vider les villes et les immeubles. Pour la première fois, plus de la moitié des Français de plus de 75 ans ne reçoivent plus ce « Alors, comment ça va aujourd’hui ? » qui les maintient dans la vie.

* Réalisée par l’institut TMO auprès de 4 000 personnes.

 

Source : http://www.leparisien.fr/societe/de-plus-en-plus-de-personnes-agees-sont-totalement-isolees-07-07-2014-3983329.php


Quand les souvenirs sont de plus en plus flous et que les repères semblent disparaître, de simples petites choses peuvent aider les malades d’Alzheimer à garder le moral. C’est le cas du jardinage, qui permet aux patients de se retrouver en extérieur, de communiquer, de se sentir utile, autonome. En France, de plus en plus d’associations ou établissements créent des jardins thérapeutiques spécialement dédiés à ces personnes malades.

A l’occasion de la Journée Mondiale de la maladie d’Alzheimer ce 21 septembre, Le HuffPost s’intéresse aux bienfaits de ces jardins, qui font partie des nombreuses thérapies non médicamenteuses, pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

Au cœur des montagnes vosgiennes, dans le joli village de Saint-Quirin, en Moselle, 24 patients profitent, depuis octobre 2014, de 1200m² d’arbres, de plantes, de fleurs, de fruits, de verdure. Au sein de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) La Charmille, ces résidents peuvent, quand ils le souhaitent, aller cultiver des légumes, arroser des plantes puis les cueillir pour faire leurs tisanes, etc. « L’espace est ouvert mais sécurisé », explique au HuffPost Eric Morgenthaler, directeur de l’établissement. « Chacun peut venir à son rythme. On a par exemple un monsieur qui, tous les matins, va jardiner un petit peu ».

jardin alzheimer

© Antoine Labreuche / Réalisation du jardin: Terramie

Le jardin, conçu par l’entreprise spécialisée Terramie, est organisé selon des critères bien particuliers, qui vont correspondre aux malades d’Alzheimer. Les jardins thérapeutiques sont en effet préconisés pour d’autres pathologies, telles que l’autisme ou certains handicaps physiques ou mentaux; et parfois aussi pour les délinquants. A chaque fois, le jardin est différent.

Éveiller les sens

« Dans un espace pour malades d’Alzheimer, les végétaux sont mis en place, les couleurs sont de mises. Alors qu’un jardin pour délinquants sera un lieu de labeur, pour les fatiguer, leur donner le sens du travail en équipe », explique au HuffPost Nathalie Joulié Morand, directrice développement de Terramie. Le jardin thérapeutique pour les malades d’Alzheimer sera avant tout conçu pour réactiver les sens des patients. « On fait en sorte de disposer des végétaux colorés, qui ont une odeur, qui vont bouger avec le vent, qui sont doux ». Lorsqu’ils viennent, par exemple, cueillir des feuilles de menthe, ils peuvent sentir sa douceur, puis son odeur en l’utilisant pour une infusion.

jardin alzheimer

© Antoine Labreuche / Réalisation du jardin: Terramie

Retrouver le moral

Les bienfaits des jardins thérapeutiques sur les personnes atteintes de cette maladie neuro-dégénérative sont nombreux. « Meilleure qualité du sommeil, réduction des violences, amélioration de la socialisation, réduction de la prise de médicaments », sont autant de bénéfices relevés par Nathalie Joulié Morand. Le constat est partagé par Eric Morgenthaler, qui affirme avoir observé des changements positifs chez les patients de son établissement. « Certaines personnes ne bougeaient plus du tout et recommencent à se déplacer. D’autres sont plus sociables. On a moins affaire à des problèmes de collectivités », détaille-t-il avant d’affirmer que le médecin a même pu supprimer la prise de quelques antidépresseurs chez des patients.

Avec la maladie d’Alzheimer, les patients se retrouvent bien souvent isolés, en intérieur, ils communiquent moins. Les jardins leur permettent de « retrouver une certaine liberté, de la sérénité, le moral », ajoute la directrice de Terramie.

Qui plus est, ces jardins permettent aussi aux familles de se retrouver dans un contexte plus informel, moins institutionnel, que celui des centres ou maisons de retraite. Par ailleurs, à La Charmille, des enfants de l’école maternelle d’à côté viennent parfois jardiner avec les malades. « Ils adorent, et les personnes âgées aussi », s’enthousiasme Eric Morgenthaler.

900 000 personnes souffrent, en France, de la maladie d’Alzheimer. Selon l’Inserm, elles pourraient être 1,3 millions en 2020. Les jardins thérapeutiques ne pourront pas les guérir mais, ajoute Eric Morgenthaler, « c’est un appel à la mémoire, à la parole, ça peut les aider ».

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© Antoine Labreuche / Réalisation du jardin: Terramie

 

Source : http://www.huffingtonpost.fr/2015/09/21/jardins-therapeutiques-malades-alzheimer_n_8153266.html


Manger, se nourrir, s’alimenter : une activité complexe et complète puisqu’elle concerne la biologie, la psychologie et les relations sociales de manière très imbriquée.

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Il est aujourd’hui établi qu’une alimentation saine et la pratique d’une activité physique régulière contribuent à un vieillissement réussi.

Les années autour de la retraite ont été identifiées par les pouvoirs publics comme une période propice à la promotion de ces comportements favorables à la santé. En 2008, l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) a mené le troisième exercice du Baromètre santé/nutrition. Il s’agit d’une enquête dont l’objectif est d’analyser et de suivre les perceptions, les connaissances et les comportements en matière d’alimentation et d’activité physique des personnes âgées de 55 à 75 ans. Les résultats révèlent que cette population se nourrit plutôt bien et est sensible aux recommandations. Mais ces résultats plutôt encourageants sont susceptibles de se modifier au-delà de 75 ans.

Quelle que soit la pertinence des recommandations et prescriptions relatives à la qualité nutritionnelle, et même gustative de l’alimentation préconisée pour les grands vieillards, à la maison ou en institution, ceux-ci, trop souvent, n’ont pas envie de leurs repas, de les préparer pour certains ou de les recevoir pour d’autres, sans pour autant qu’il s’agisse véritablement d’anorexie. Lassitude de certaines vieilles dames qui ont cuisiné toute leur vie et en ont assez, hésitations de certains vieux messieurs qui, à l’inverse, n’ont jamais assumé cette activité ; pour les uns et les autres, solitude liée notamment au veuvage. Toutes ces sortes de contre-incitations à manger sont d’autant plus redoutables qu’elles demeurent discrètes, mal connues. Surtout lorsque ces vieilles personnes vivent seules, avec peu de relations sociales, voire d’aide ou d’assistance chez elles. Manger mal et manger moins correspondent aussi à ces décrochages des grands vieillards qui sans avoir de souhait de mort n’ont plus que faiblement des souhaits de vie.

Si on trouve de trop nombreux cas de dénutrition à domicile, éventuellement liés à la solitude, on en trouve aussi en institution. À l’hôpital, les malades très âgés et particulièrement fragiles arrivent déjà dénutris. Les soins hospitaliers, de durée nécessairement limitée, ne permettent pas toujours de redresser la situation. En établissement médico-social où les résidents arrivent également fragilisés, le retour du goût de manger ainsi que les enjeux d’une nutrition curative et préventive demandent aux équipes soignantes et de vie quotidienne beaucoup d’attention et de temps. Il peut falloir toute une année pour rééquilibrer telle ou telle vieille personne.

La dénutrition est une pathologie fréquente chez le sujet âgé. Elle a un retentissement grave sur l’état de santé, pouvant entraîner de multiples complications et un coût important. Son dépistage repose sur l’évaluation régulière de l’appétit et du poids et l’identification de situations à risque nutritionnel, qu’elles soient médicales, psychologiques ou socio-économiques.

Ces dernières années, différents investigateurs ont proposé de nombreux mécanismes pour expliquer le vieillissement et ont mis en évidence des bases moléculaires et des événements biologiques qui contribuent au déclin progressif du fonctionnement cellulaire. Il est probable que des facteurs comme les mutations somatiques, les modifications d’expression génique ou la diminution de l’efficacité de synthèse protéique interagissent pour participer aux modifications physiologiques en relation avec l’âge. Or, les apports alimentaires, diversifiés et « optimisés » en qualité et en quantité sont l’un des facteurs modifiables les plus accessibles pour moduler le vieillissement et surtout prévenir le « mauvais vieillissement » avec pathologies et déficits fonctionnels … voire incapacité. L’approche multidisciplinaire permettra d’élaborer des stratégies préventives associant l’élaboration de conseils nutritionnels adaptés, éventuellement la prescription de compléments nutritionnels, le maintien d’une activité physique régulière et l’adaptation des aides à domicile. En institution, la coordination des équipes soignantes, techniques et administratives est nécessaire à la prévention nutritionnelle. La recherche sur le métabolisme des protéines offre des perspectives intéressantes dans ce domaine.

Il apparaît en plus que l’amélioration de l’alimentation ne peut se concrétiser réellement que si la dimension sociale de la nourriture est mise ou remise au premier plan. Les auxiliaires de vie à domicile, qui fréquemment assurent, avec et pour la personne aidée, achats et préparation des mets, peuvent être présentes pendant le temps des repas et leur rendre ainsi une convivialité perdue par la solitude de vie. Les portages de repas à domicile peuvent aussi être des moments de contact et d’échange encourageants. Certains repas organisés à l’occasion de dates festives sont appréciés de bien des personnes très âgées qui ont peu de relations sociales. La détermination fine du choix des commensaux dans les institutions, par les résidents eux-mêmes et avec l’aide des équipes d’accompagnement, est essentielle pour que les repas (re)deviennent des temps d’animation et de plaisir, pas seulement des temps de nourriture quand ce n’est pas de gavage. À qualité culinaire égale, la qualité réelle d’un repas dépend d’abord et surtout de la manière dont il est pris et avec qui. Les politiques de maintien à domicile font que la question de la dénutrition des personnes âgées devient une problématique pour les aidants professionnels et familiaux. Les contraintes techniques, économiques, médicales et organisationnelles pèsent lourd et font que l’amélioration de l’alimentation des plus fragiles parmi les personnes très âgées reste un sujet important et difficile de santé publique. Il ne faut pas oublier la définition de la santé : « état de complet bien-être physique, mental et social ». Utopie, certes, mais utopie nécessaire pour continuer à agir.

 

Source : http://duchampalatable.inist.fr/spip.php?article165